Pollution Article 24 Heures du 23 septembre 2021
La Cour des comptes a mené
un audit sur la gestion communale de l’évacuation des eaux usées,
mettant en lumière des points à améliorer.
On ne
sait pas s’ils l’ont fait en se pinçant le nez, mais les magistrats de
la Cour des comptes se sont penchés sur nos eaux usées, dans leur
dernier audit. Le périmètre de leurs investigations reste toutefois plus
politique que chimique: comment les Communes gèrent-elles ce domaine?
Sachant qu’elles sont tenues de se doter d’un Plan général d’évacuation
des eaux (PGEE), compilant le cadastre des canalisations, un rapport sur
leur état et un concept d’évacuation, et qu’entre 1997 et 2019 environ
400 de ces plans ont été adoptés. Une deuxième génération de cet outil
de gouvernance est désormais appelée à les remplacer.
Rythme trop lent
Alors,
efficaces ces fameux PGEE? Pour le savoir, la Cour des comptes a audité
huit Communes de tailles diverses, trois associations intercommunales
et un service de l’État. Un de ses constats révèle que l’état des
canalisations publiques n’est pas assez contrôlé. Selon les
recommandations de la branche, chacune devrait être inspectée (par
caméra) tous les dix à quinze ans. Si Morges respecte cette fréquence,
Lausanne se fixe comme objectif un tournus de vingt ans qui, dans les
faits, s’allonge à vingt-huit ans. À Vevey, il dépasse même les septante
ans. Alors que 7 à 10% du réseau devraient être vérifiés chaque année,
moins de 2% le sont à Avenches et à Bex. À Premier et à
Villars-le-Terroir, aucune inspection n’a été menée depuis l’adoption du
PGEE. Comme souvent, des considérations financières dictent ces choix.
Certaines canalisations sont très anciennes. «Le
risque, observe Guy-Philippe Bolay, c’est qu’elles se bouchent ou
finissent par être trouées par une racine par exemple, et que l’eau
s’infiltre dans le sol, provoquant une pollution du sol qui n’est alors
pas détectée.» La Cour recommande aussi de faire un suivi des rejets
dans les lacs et ruisseaux, lorsque les conduites d’eaux de
ruissellement y débouchent sans passer par la STEP. «Un simple contrôle
visuel régulier pourrait suffire. Dans les petites Communes, ce sont
parfois les pêcheurs
qui signalent la présence de souillures dans la
rivière, comme du papier-toilette, pouvant indiquer un mauvais
raccordement.»
Les constats de la Cour ne sont
globalement pas alarmants: les PGEE ont été faits «avec sérieux»,
souligne son président. Ils sont pour la plupart complets, mais pas
forcément mis à jour au gré des constructions de nouveaux quartiers.
Légalement, ces plans ne sont pas contraignants pour les autorités. «Ils
devraient l’être afin de faciliter leur mise en œuvre», estime la
Cour.
Vincent Maendly
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